Le passeport numérique de produit : ce qu’il faut savoir sur les supports physiques.
Dans un article précédent, nous avons expliqué ce qu'est le passeport numérique de produits (DPP) et comment il fonctionne. Dans ce deuxième article, nous examinons de plus près un aspect très important du DPP, à savoir la manière d'y accéder.
Comprendre le DPP
Le DPP est une base de données relative aux produits. Elle comprend les processus de production, les documents techniques, l’entretien et la réparation ainsi que l’origine des composants et la recyclabilité. Pour accéder électroniquement à ces données, on utilise un support physique disposant d’un identifiant unique.
Cela peut sembler un peu compliqué, alors prenons un exemple concret : la plaque d’immatriculation d’une voiture. Dans ce cas, la voiture est le produit, le support physique est la plaque d’immatriculation, et l’identifiant unique est la suite de caractères figurant sur la plaque. Chaque plaque d’immatriculation est unique et permet d’accéder aux données détaillées associées au véhicule.
La différence avec le DPP est que la plaque d’immatriculation est destinée à être lue visuellement plutôt qu’électroniquement.
En savoir plus sur le support physique
Dans cet article, nous avons décidé de nous concentrer sur le support physique ou, dans notre exemple, sur la plaque d’immatriculation. Accéder au DPP d’un produit, c’est plus ou moins la même chose qu’accéder aux données d’un véhicule en utilisant l’identifiant unique de la plaque d’immatriculation. Cependant, il y a une grande différence. Avec la plaque d’immatriculation, une seule autorité est responsable de l’identifiant unique et de la (des) base(s) de données sous-jacente(s).
Pour le DPP, la situation est beaucoup plus complexe, car plusieurs autorités peuvent gérer l’identifiant unique et de nombreuses bases de données et autres référentiels contiennent des informations sur les produits.
Le règlement du DPP énumère certaines exigences pour le support physique :
- Il doit être physiquement présent sur le produit, son emballage, ou sur la documentation qui accompagne le produit. La règle est que le support physique doit être physiquement connecté aux produits et si cela n’est pas possible, il doit figurer dans la documentation qui accompagne le produit. En pratique, cela signifie qu’il doit pouvoir résister à une utilisation courante du produit tout en permettant l’accès au DPP.
- Bien que des exceptions soient possibles, les données du DPP doivent être accessibles pendant au moins 10 ans après la mise sur le marché ou la mise en service du produit. Cela signifie donc que le support physique doit pouvoir fonctionner pendant cette période.
- Le support physique doit fournir un accès facile au DPP. Cela exclu ainsi de nombreuses technologies d’identification, qui ne sont pas facilement accessibles aux nombreuses parties prenantes visées par le DPP. Ces dernières comprennent les fabricants, les distributeurs, les consommateurs, les techniciens de maintenance et d’entretien, les trieurs, les recycleurs, les auditeurs, pour n’en citer que quelques-unes. Tous ces acteurs peuvent avoir des cas d’utilisation différents pour lesquels ils doivent accéder au DPP, mais ils doivent être en mesure de lire facilement les données pertinentes liées au produit. Par exemple, un consommateur peut ne jamais vouloir accéder aux données du DPP, mais un recycleur en aura besoin.
- Le support physique doit pouvoir contenir et communiquer l’identifiant unique. Comme il n’existe pas de spécification technique exacte du support physique pour le DPP, il est impossible de dire si les différentes options sont conformes aux attentes. Cependant, ces options doivent être capables de contenir suffisamment d’informations, même pour les systèmes d’identification les plus complexes.
Il s’agit là d’exigences obligatoires pour le support physique dans le cadre de la réglementation actuelle sur le DPP. Cette réglementation n’exige pas, par exemple, d’informations ou de fonctionnalités supplémentaires de la part du support physique, outre la capacité de communiquer l’identifiant unique. Mais même si ce n’est pas obligatoire, pour certains produits, il peut être judicieux d’en ajouter. Par exemple, une mémoire supplémentaire pour stocker des informations de base permettant d’accéder à des informations plus spécifiques dans le cas où le DPP n’est pas facilement accessible peut être nécessaire (manque d’accès au réseau, données inaccessibles etc…), ou pour l’authentification du produit.
Codes QR et code-barres VS tag RAIN et NFC
Il existe des options évidentes pour le support physique, qui font l’objet d’un large débat et sont également mentionnées dans le projet de règlement de l’UE sur le DDP : Les codes QR, les codes-barres et la RFID. Pour les étiquettes RFID, le choix se porte sur les étiquettes NFC et RAIN. Examinons de plus près les options.
« Accessible avec un smartphone » signifie simplement que le support physique peut être lu à l’aide d’un smartphone, de préférence sans application spécifique. Les codes QR et tags NFC peuvent être lus à l’aide d’un smartphone, ce qui n’est pas le cas pour l’instant des étiquettes RAIN, bien que l’Alliance RAIN travaille d’arrache-pied à l’intégration de la fonctionnalité RAIN dans les smartphones. Les codes-barres peuvent être lus avec un smartphone dans une certaine mesure, mais ils nécessitent des applications spécifiques.
La visibilité à l’œil nu est nécessaire pour pouvoir lire les codes QR et les codes-barres (ils doivent être visuellement accessibles). Elle peut être cachée, mais elle doit être facile à découvrir. La RFID ne nécessite pas de visibilité directe et peut ainsi être cachée pour ne pas être vue et ne pas être soumise à une forte usure. Mais cette dernière est, dans une certaine mesure, sensible aux matériaux. Il faut donc prendre en compte ce paramètre dans le choix du support physique.
La longévité est davantage un problème pour les codes QR et les codes-barres car l’usure peut rendre ces codes illisibles. Comme les étiquettes RFID peuvent être placées à l’intérieur d’un produit ou dans des zones bien protégées et qu’elles ont fait leurs preuves en fonctionnant pendant de très longues périodes dans des conditions extrêmes, elles obtiennent un avantage dans cette catégorie.
En termes de prix, les codes QR et les codes-barres sont imprimés et sont donc généralement une option plus rentable. Les étiquettes RFID nécessitent, quant à elles, une puce et une antenne et sont ainsi plus chères, bien que les coûts aient considérablement baissé.
Pour la lecture en masse (lecture d’un grand nombre d’étiquettes en très peu de temps) et la distance de lecture, la technologie RAIN excelle et a été spécialement conçue à cet effet.
La protection contre la reproduction n’est pas une exigence obligatoire pour le support physique, mais c’est un élément à prendre en compte. Si l’on prend l’exemple de la plaque d’immatriculation d’une voiture, il est facile de la copier. Il existe cependant différents mécanismes permettant de s’assurer que la plaque d’une voiture est correcte. Pour certaines catégories de produits, il est tout à fait judicieux de protéger le support physique lui-même contre la reproduction. La RFID permet de mettre en œuvre une telle fonctionnalité.
Conclusion
Le choix se porte ainsi entre deux technologies « en visibilité directe » (codes QR et codes-barres) et deux technologies « sans visibilité directe » (NFC et RAIN).
- Le choix entre les codes QR et les codes-barres est facile : les gens ont l’habitude d’utiliser les codes QR et la technologie est bien normalisée. Ils peuvent être lus à l’aide de l’appareil photo d’un smartphone, de sorte qu’en principe, aucune application spécifique n’est nécessaire.
- Le choix entre NFC et RAIN semble également évident, car les étiquettes RAIN présentent l’inconvénient de ne pas pouvoir être lues directement avec un smartphone, alors que les étiquettes NFC le peuvent. Comme indiqué précédemment, RAIN présente toutefois deux avantages majeurs : la distance de lecture et la lecture en masse, qui peuvent toutes deux être importantes pour certaines parties prenantes. Comme mentionné plus haut, l’Alliance RAIN travaille durement à l’intégration de la technologie RAIN dans les smartphones.
- Le choix entre les codes QR et la RFID peut sembler facile, car les codes QR peuvent être mis en œuvre à un coût très faible. Mais ce n’est pas qu’une question de prix ! La longévité, la capacité d’identification sans visibilité directe et la lecture automatisée en masse doivent également être prises en compte. Le choix de la technologie du support physique pour mettre en œuvre le DPP dépend réellement de l’application et du cycle de vie du produit.
Une autre chose à considérer est la combinaison des technologies pour obtenir le meilleur des deux mondes. La combinaison d’un code QR et d’une étiquette RAIN répond à toute les attentes et fournit une solution très puissante qui peut être utilisée tout au long du cycle de vie d’un produit par n’importe quelle partie prenante.